Fini le Spectacle aérien de Québec

Les gens de Québec ne pourront plus admirer les prouesses des Thunderbirds, Blue Angels et autres spectaculaires avions de chasse. Le Journal a appris que l’accumulation de difficultés liées à l’organisation a finalement eu raison du Spectacle aérien international.

« C’est rendu trop gros et il y a trop de risques pour nous là-dedans », a expliqué en entrevue Maurice Tanguay, président de la fondation du même nom, qui dit avoir pris personnellement la décision de mettre un terme au festival populaire.

Pourtant, l’événement avait connu un vif succès l’été dernier, ayant accueilli 110 000 spectateurs, et le site Internet du ministère du Tourisme faisait encore hier la promotion de la prochaine édition qui devait se tenir en juin 2012.

La présentation d’un spectacle d’une telle envergure sur les terrains d’un aéroport commercial en pleine croissance comme celui de Québec était devenue trop compliquée au goût des organisateurs, qui pointent aussi d’autres facteurs pour expliquer leur volte-face.

Budget faramineux

L’an dernier, le budget avait atteint la somme faramineuse de 1,5 million de dollars pour trois jours de festival.

« Les assurances coûtent excessivement cher avec les risques d’accident, et il faut payer pour les dépenses des Américains qui participent au spectacle, les déplacements des avions, c’est beaucoup de risques », a plaidé M. Tanguay. En 2010, l’événement avait été profitable pour la fondation, mais elle avait dû essuyer des pertes de 300 000 $ en 2006, alors que la pluie avait gâché la fête.

« Nous, nous amassons des fonds pour des enfants handicapés, on ne peut plus se permettre cela », a-t-il ajouté.

Déçu, celui qui était directeur des opérations aériennes du festival, Yvan-Miville Des Chênes, souhaite que la Ville et les autres paliers de gouvernement prennent la relève pour assurer la tenue d’un événement gratuit.

Le modèle de Toronto

« On pourrait faire ça au-dessus du fleuve, ce qui éliminerait le problème de la cohabitation avec les vols commerciaux de l’aéroport, mais on fait quoi pour charger un prix d’entrée? », a indiqué le spécialiste, suggérant que le modèle de Toronto soit imité.

« La municipalité donne aux organisateurs un important budget pour qu’ils montent un spectacle au-dessus du lac Ontario et puis les gens vont là gratuitement. » Selon M. Des Chênes, l’abandon du Spectacle aérien international constitue une lourde perte pour les citoyens de la grande région.

« Le festival a permis de voir les meilleurs aviateurs qui existaient dans le monde des spectacles aériens, c’est dommage, mais on réalisait la difficulté de faire ça dans un aéroport public », a-t-il admis.

L’an dernier, le spectacle qui aurait dû durer trois heures s’était plutôt étiré sur une période de cinq heures, en raison des interruptions nécessaires au trafic aérien commercial de l’aéroport.

(Québec) Alors que la base aérienne de Bagotville présentera son spectacle aérien les 11 et 12 juin prochain, Québec aura eu son dernier en 2010.

«C'était rendu trop compliqué et trop gros pour la Fondation», a affirmé au Soleil Maurice Tanguay, président de la Fondation Maurice Tanguay. «C'était le seul spectacle aérien présenté dans un aéroport "privé" [avec des liaisons commerciales], et non dans un aéroport militaire [comme à Bagotville].»

L'homme d'affaires ajoute que «la décision n'a pas été prise de gaieté de coeur, après avoir étudié toutes les possibilités.» La question des assurances est revenue souvent lors de l'entretien avec M. Tanguay. «Il y a toujours des risques d'accident. Il faut assurer la sécurité de l'aéroport. Les assureurs couvrent jusqu'à une certaine limite. Les assurances devenaient de plus en plus dispendieuses.» Pour la présentation de 2010, l'activité était commanditée majoritairement par Vidéotron, et la Ville de Québec avait accordé une somme de 250 000 $ pour couvrir le risque attribuable à la météo. Le budget d'exploitation était de 1,5 million $.

«La qualité du spectacle souffrait des interruptions dues aux vols commerciaux [qui ne pouvaient pas être annulés]. Quand des Américains venaient ici pour voir notre spectacle, ça les ennuyait...» explique M. Tanguay.

«Il y a aussi la question de l'agrandissement de l'aéroport [Jean-Lesage]. C'est regrettable. Il n'y a pas d'autres raisons», conclut M. Tanguay.

Selon ce que Le Soleil avait publié l'an dernier, le Spectacle aérien de Québec pouvait générer entre 6 et 10 millions $ en retombées directes dans la capitale, d'après les chiffres fournis par les organisateurs. La présentation de 2010 a attiré 110 000 spectateurs, alors que celle de 2008 avait battu un record avec 160 000 spectateurs.

Les profits du Spectacle aérien allaient à la Fondation Maurice Tanguay, qui vient en aide aux enfants malades et à leurs parents.